Mouffetard, la belle échappée
Le quartier de Mouffetard, chargé en histoire et en histoires

Lorsque l'on pense à la Rue Mouffetard, on évoque un quartier populaire et vivant. Rien d'étonnant à cela, le quartier ayant été autrefois le fief des tanneurs et écorcheurs, réputés pour leurs activités... odorantes. Mais cette ancienne voie romaine, établie au 1er siècle et filant vers l'Italie, mérite un deuxième coup d'oeil, car son charme discret se cache souvent sous les aspects les plus ordinaires.
En plein quartier latin, située entre Jussieu et Censier-Daubenton, la rue Mouffetard descend sur 650 mètres, en pente douce, de la montagne Sainte-Geneviève à l'église Saint-Médard. Son nom provient certainement de Mons Cetarius ou Mons Cetardus, décliné finalement en Mouffetard. Mais les afficionados l'appellent tout bonnement : « La Mouffe ». Jusqu'au milieu du XIXème siècle, la rue Mouffetard traversait la Bièvre près de l'église Saint-Médard et remontait au sud jusqu'à la barrière d'Italie (actuelle place d'Italie). Elle avait alors une longueur de plus de 1500 mètres et faisait partie du 12ème arrondissement.
Les travaux d'Haussmann l'ont amputée de sa partie la plus au sud pour construire à la place l'avenue des Gobelins. Toute la rue semble dédiée au plaisir de la bouche : si la partie élevée s'émaille de petits restaurants, dont notamment le Restaurant– Lounge-Club « chez Félix », le bas de la rue Mouffetard est occupé par un marché quotidien de primeurs et par des commerces de proximité traditionnels destinés aux habitants du quartier : boucheries, poissonnerie, fromagers, boulangeries, maraîchers, cavistes, traiteurs, épiciers, quin- caillers... Une vraie rue de village. Question culture, l'axe abrite un cinéma de quartier de deux salles nommé « L'épée de bois » et classé art et essai. La rue Mouffetard a inspiré George Duhamel dans son roman « Confession de minuit », écrit en 1920, mais également Pierre Gripari qui rédige en 1967 « La Sorcière de la rue Mouffetard », un des « Contes de la Rue Broca ».
L'une des caractéristiques de la Rue Mouffetard semble être la forte concentration de street artistes. Il n'est en effet pas rare de découvrir des graffs de Miss Tic ou de Jeff Aérosol, du temps où ces artistes, maintenant exposés en galerie, se nommaient « artistes récidi- vistes ». Quant aux façades, certaines présentent des décorations tout à fait étranges : ainsi l'une d'entre elles figurant au moyen de fresques une partie de chasse d'autrefois. Au numéro 69, se tient la maison du vieux chêne, un rarissime exemple de bois sculpté, marquant l'emplacement d'un club révolutionnaire en 1848, transformé en bal public sous le second empire. On pourra terminer sa visite par une incursion à l'Institut du Monde Arabe, prendre un thé à la Grande mosquée sous les chants des oiseaux, ou encore flâner dans les allées du jardin des Plantes.
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